Agence de booking

Kill The Pain

Roster / Marc Smeesters

Que se passe-t-il quand on croise Les Rita Mitsouko et Dolly Parton? Pas seulement la Dolly, country queen à la voix impeccable, mais aussi celle de « 9 to 5 » le Manifeste Communiste pour les classes ouvrières d'aujourd'hui? Ou que se passe-t-il quand Phoebe Killdeer, auteure interprète du #1 hit international The fade out lines, s’associe à son alter ego Mélanie Pain, la voix derrière le succès de Nouvelle Vague, qui après 20 ans de carrière sonne toujours aussi juste? 

 

Flashback: 2005, Nouvelle Vague demande à l’australienne Phoebe Killdeer de rejoindre le groupe et de chanter avec la française Mélanie Pain. Des répétitions? Non. Est-ce que les chanteuses se connaissent? Pas du tout. Projetées ensemble sur une scène à Londres, les deux artistes se sont à peine croisées que l'alchimie s’installe immédiatement : tout les oppose mais elles se découvrent la même énergie mêlant humour, drama, ironie et nonchalance qui donnera à Nouvelle vague sa réputation live.

 

500 concerts plus tard, lors d'une pause à Paris, c’est avec l’envie de sortir du cadre, le besoin d’une écriture spontanée, tout en cadavre exquis, ponctuée par quelques verres de vin et des séances de jam improvisées, que Phoebe et Mélanie découvrent leur manière de composer et d’écrire low profile, easy, rapide, décalée et fun. 

 

De ces expérimentations va naître Kill the Pain (KTP), un duo dynamique dépouillé et sur-vitaminé qui grimpe sur les épaules de Nouvelle Vague (NV). Mais là où NV regarde dans le rétro en ré-inventant les classiques du punk, KTP regarde vers l'avant - une main vers les étoiles, l'autre dans le caniveau, passant littéralement d'un style à l’autre, mêlant leurs références et influences avec un plaisir avoué et un humour contagieux.

 

Pour certains groupes, cultiver un style: c’est sacré, pour Kill The Pain, les styles - au pluriel - sont surtout là pour être dérangés, secoués: prétextes pour s’inventer des personnages, se raconter  des histoires, défier et mettre à l’épreuve leurs influences et inspirations: de Carmen McRae aux Slits, de l'énergie brute d'ESG à la musicalité poétique de Peggy Lee, de la fougue de Patti Smith aux provocations vocales de Kim Gordon. KTP doit un peu à la pop hypnagogique, dont David Keenan de The Wire parlait il y a une décennie, mais libérée, enfin, de l'angoisse de l’influence. (Mal tourné)??

 

Le duo se résume parfaitement dans ses deux premiers singles: « I don’t know what YOU do… but I do what I do » que l’on entend sur le titre I do what I do résonne comme un mantra joyeux et libérateur. « Zig zag wandering just like that » sur le single Zig Zag est une incantation jubilatoire à contourner les obstacles et les énergies négatives avec humour et spontanéité. Musicalement c’est un bazar heureux, un helter-skelter assumé de percussions latines, basse funk, guitares électriques piquantes, chant décomplexé, batteries afro beat et claviers 80’s.

 

Dans la lignée des femmes excentriques de la culture pop, Kill the pain crée un duo étonnant, deux personnalités opposées qui surfent sur l’absurdité et jubilent du plaisir d’être ensemble. Kill the pain appartient à la veine des personnages de films comme Thelma et Louise, Daisies ou dans la scène de Kill Bill de Tarantino du groupe « The 5. 6. 7. 8’s ». 

 

A l’image des illustrations et collages qui accompagnent leur kaléidoscope musical Kill The Pain nous invite à prendre des chemins inattendus. Et on les suit volontiers. 

 

 

Par Alex Murray-Leslie (Chicks On Speed)